L’otite externe, inflammation du conduit auditif et/ou du pavillon auriculaire, est un des motifs de consultation les plus fréquents en clinique canine. On estime ainsi entre 5 et 20 pour cent le nombre de chien souffrant d’otite externe. C’est un syndrome douloureux pour l’animal. Le diagnostic et le traitement éventuel d’une otite externe nécessitent une bonne compréhension de l’anatomie de l’oreille et des causes multiples qui contribuent à son inflammation.

 

Anatomie du conduit auditif

L’oreille externe est divisée en deux parties : le pavillon et le canal auriculaire. Ce dernier comprend un canal vertical et un canal horizontal, qui se termine par la membrane tympanique. La peau qui tapisse le conduit auditif est une aire cutanée spécialisée. Elle s’affine au fur et à mesure que l’on progresse vers le tympan. On trouve de plus en plus de glandes sébacées et cérumineuses vers le tympan. Les sécrétions de ces deux types de glandes, associées aux produits de la desquamation constituent le cérumen auriculaire normal.

Lors d’otite externe, ce cérumen est modifié. On note rapidement une hyperplasie épidermique de l’oreille. Les glandes excrètent encore plus. La lumière du conduit se remplit de sécrétions et peut s’obstruer.

 

Figure 1 : Anatomie de l’oreille.

 

L’otite externe

L’otite externe est un syndrome complexe, comprenant de multiples agents causaux. On peut les classer en agents prédisposants, primaires et secondaires.

Les facteurs prédisposants altèrent l’environnement du conduit auditif et favorisent l’apparition de maladies opportunistes. L’oreille est alors plus susceptible de s’inflammer. Les facteurs primaires induisent directement l’otite. Les facteurs secondaires ne provoquent pas la maladie mais la perpétue.

Facteurs prédisposants

  • anatomie
  • Forme en L du conduit
  • Conformation
  • Macération
  • Oreilles rabattues, mauvaise aération
  • Erreur de traitement, hygiène
  • Baignade fréquente
  • Masses obstructives
  • Tumeur

Facteurs primaires

  • Ectoparasites
  • Otodectes cynotis, Demodex canis, Sarcoptes
  • Corps étrangers
  • Epillets, sable, poils
  • Allergies
  • Atopie, allergie alimentaire
  • Défaut de kératinisation
  • Etat séborrhéique
  • Maladie auto-immune
  • Pemphigus, lupus
  • Divers
  • Cellulite juvénile, le froid, maladie de carré, dermatose améliorée par le zinc

Facteurs secondaires

  • Bactéries
  • Staphilocoques
  • levures
  • Malassézia, Proteus, E. coli
  • Obstruction inflammatoire

 

L’impossibilité d’un drainage naturel, et l’aération restreinte du conduit auditif entraînent le piégeage des exsudats. Lorsque les oreilles sont pendantes ou rabattues, l’augmentation de la température accroît le phénomène. Un conduit long et étroit comme chez le Berger Allemand ou sténosé comme chez le Shar-Pei a les mêmes effets.

 

Figure 3 : Les oreilles des Shar-Pei restreignent la possibilité de drainage et d’aération naturelle.

 

Chez d’autres sujets, les conduits auditifs sont particulièrement étroit et provoquent une inflammation continuelle.

 

Figure 4 : Oreille dont le conduit est sténosé chez un Shar-Pei.

 

D’autres facteurs peuvent prédisposer aux otites. Le nettoyage trop fréquent ou sans séchage entraîne la macération dans le conduit auditif. Des néoformations peuvent aussi être responsable de l’inflammation du conduit comme des tumeurs ou des polypes.

 

Les différentes otites

 

Les otites à frigore :

Ce sont des otites qui apparaissent après un coup de froid. C’est, par exemple, un chien qui a voyagé la tête à la fenêtre. Les symptômes apparaissent entre 24 et 48 heures après le voyage. On note alors une violente douleur auriculaire souvent unilatérale (du coté exposé au froid), une congestion assez importante et une exsudation.

 

Les otites iatrogènes :

Ce sont des otites dont l’origine repose sur l’emploi mal adapté ou trop fréquent de produits auriculaires. L’environnement du conduit est modifié et la macération peut être importante.

 

Les otites par corps étranger :

On note une vive douleur d’un seul côté. Le chien porte la tête déviée du côté atteint. Le problème survient de manière brutale pendant ou au retour d’une promenade. L’inflammation est très vite importante et on peut voir s’écouler un liquide séro-hémorragique. Le corps étranger est à enlever le plus rapidement possible pour éviter qu’il ne transperce le tympan.

 

Les otites parasitaires :

Elles sont, chez le chien, principalement dues à des Otodectes ou des Démodex, l’otite démodécique étant beaucoup plus rare. Ces parasites entraînent une inflammation importante et la présence de beaucoup de cérumen. Dans le cas d’Otodectes cynotis, le cérumen est plutôt noirâtre.

Le parasite, au microscope : Otodectes cynotis Le cérumen est noirâtre et en grande quantité.
Figure 5 : Otite parasitaire à Otodectes cynotis.

 

Les otites tumorales :

On peut trouver différents types de tumeurs dans les oreilles, bénignes ou malignes. L’otite provient la plupart du temps du fait de l’inflammation et de la diminution de l’ouverture du conduit auditif.

 

Les otites dues à des maladies auto-immunes :

Ces maladies dont les plus fréquentes sont le pemphigus foliacé et le lupus érythémateux, affectent essentiellement le pavillon auriculaire. Mais elles s’étendent rapidement au canal auditif.

 

Les otites érythémato-séborrhéiques :

On note dans les oreilles des chiens atteints un prurit très important ainsi qu’une inflammation très impressionnante. Le pavillon de l’oreille semble enflé de manière démesurée. L’origine est peu évidente. Ce sont souvent des otites intervenant sur un terrain allergique. L’allergène peut être alimentaire mais aussi extérieur (pollen, graminées…).

 

Figure 6 : L’allergie peut entraîner une inflammation chronique conduisant à une lichénification du pavillon.

 

Les otites suppurées ou juvéniles :

Ce sont des otites des jeunes. On note une forte inflammation du pavillon et en surface, la présence d’un liquide graisseux abondant. La macération fait perdurer l’inflammation et l’infection est alors secondaire.

 

Figure 7 : La macération entraîne une modification de la répartition des microorganismes.

 

Les otites bactériennes :

Le conduit auditif héberge de façon physiologique des bactéries et des levures. Lorsque son micro-environnement subit des modifications, ces bactéries peuvent proliférer et coloniser l’oreille. On trouve donc principalement des bactéries comme Staphyloccocus intermedius, Pseudomonas sp. Proteus mirabilis.

 

Figure 8 : Otite bactérienne, avec une odeur nauséabonde.

 

Les otites fongiques :

Les Malassézia sont des levures opportunistes qui se développent lorsque les conditions sont favorables (humidité et chaleur). Les oreilles ont alors une odeur rance caractéristique.

 

Les otites ont donc des origines variées. De plus, certains facteurs sont prédisposant ou aggravant. Il est ainsi nécessaire de traiter correctement une otite pour prévenir les récidives et le risque de chronicité. Les traitements sont ciblés (antifongiques, antibactériens, anti-inflammatoires…). Il est impératif d’utiliser le bon traitement et de l’administrer à la bonne dose pendant toute la durée du traitement.